Construit entre 1598 et 1611 par Claude de Verrières, chambellan fortuné de Charles III, sur une terrasse surplombant la vallée de la Meuse, le château de Montbras, bien que remanié au XVIIIè siècle, est l’un des représentants les plus aboutis des demeures nobles de la Renaissance en Lorraine.
A la mort de son propriétaire, il n’est pas encore achevé que déjà en péril : aux dégâts de la guerre de Trente Ans s’ajoutera le désintérêt de ses héritiers, qui ne l’occuperont régulièrement qu’au XVIIIè siècle. Francis de Chanteau, qui le rachète en 1876, sera son premier restaurateur; Restauration poursuivie avec envergure par l’actuel propriétaire.
Le plan d’origine en U n’est plus guère visible aujourd’hui : seuls encore debout les deux pavillons d’entrée, une partie du corps de logis et le logis sud flanqué de deux pavillons bastionnés. Des éléments d’architecture militaire montrent la persistance de la fonction défensive du château : le plan carré renforcé par les quatre tours d’angles massives et percées de meurtrières et de canonnières, entourées de fossés secs; les mâchicoulis couverts couronnant d’un chemin de ronde le corps du bâtiment. Ce caractère militaire est cependant limité aux façades extérieures.
La façade sur cour de l’aile est, en fait la principale, est rythmée par l’alternance de travées percées de baies croisées et de travées décorées de niches surmontées de frontons. les travées sont séparées les unes des autres par des pilastres se poursuivant à l’étage supérieur selon le principe de la superposition des ordres. les deux niveaux d’étages sont soulignés par deux entablements identiques. les hautes lucarnes de la toiture, qui ont été reconstitués récemment, annoncent un troisième niveau qui n’a jamais été construit. Le jeu subtil entre la verticalité marquée par les travées et l’horizontalité soulignée par les entablements est le gage de la symétrie et de l’harmonie classique.
Le décor, raffiné, est celui de la Renaissance avancée, déjà inspirée par le Baroque naissant : aux motifs d’acanthe et de coquilles sur les culs-de-four des niches et aux pilastres ioniques et corinthiens introduits dès le début de la Renaissance s’ajoutent les cannelures des pilastres, des vases de fleurs, des frontons interrompus et les statues de la Renommée en pierre de Savonnières sculptées dans les écoinçons de la porte Nord. le décor monte jusqu’aux consoles des mâchicoulis, ornées de mascarons grimaçants, de grotesques et de masques. le bossage réticulé en pierre grise de Taillancourt qui orne l’angle des tours et leur riche décor de trophées renforcent visuellement leur puissance.
A l’intérieur, la peinture murale d’une des grandes salles du logis, le Cabinet de Claude, révèle la culture de Claude Verrières et son goût pour l’Antiquité, certainement développé par son second mariage avec une italienne : quarante-deux tableaux mythologiques inspirés des métamorphoses d’Ovide ornent les murs de la salle. La voûte en berceau en anse de panier est divisée en 24 caissons en stuc sculpté et peint de motifs végétaux, de fruits et de cornes d’abondance; Les caissons au centre sont eux ornée des monogrammes de Claude et de son épouse.
A signaler aussi la curieuse « Danse des Topinamboucs » du nom des indiens d’Amazonie ramenés en 1613 par l’expédition d’Abbeville.